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La clé d’une meilleure retraite? La préparation.

Article paru pour la première fois dans le numéro de septembre 2013 de la revue Benefits and Pensions Monitor


Jeff Aarssen, vice-président, Ventes et Marketing, Services de retraite collectifs La Great-West, compagnie d’assurance-vie

Certaines études suggèrent que la retraite, du moins la retraite complète, représente un risque pour la santé.

Une étude réalisée au Royaume-Uni et publiée plus tôt cette année indique que, comparativement aux personnes âgées qui continuent de travailler, les retraités sont plus susceptibles, dans une proportion de 60 pour cent, d’avoir au moins une affection physique et, dans une proportion de 40 pour cent, d’être aux prises avec la dépression (Sahlgren, 2013).1 Une étude menée en 2009 aux États-Unis révèle que les retraités qui prennent un emploi dans le domaine où ils ont fait carrière ont une meilleure santé mentale que les personnes qui optent pour la retraite complète de la vie active (Yujie, 2009).2 La même conclusion n’a pas pu être tirée au sujet des personnes qui prennent un emploi sans lien avec le travail exercé avant la retraite.

La retraite devrait-elle alors être reportée le plus longtemps possible? Probablement pas, puisque l’effet de la retraite sur la santé n’est pas complètement compris et de nombreuses variables doivent être prises en compte. Les participants aux régimes se doivent plutôt d’être mieux préparés à la retraite, pas seulement financièrement, mais aussi émotionnellement.

Facteurs qui influent sur la capacité à prendre sa retraite

Selon Statistique Canada, la durée anticipée de vie en emploi des Canadiens moyens s’est allongée de près de trois ans depuis 1997 (Carrière, 2011).3 Bien que la crise financière de 2008 et le ralentissement économique qui s’en est suivi aient pu inciter certains Canadiens à remettre à plus tard la retraite, Statcan fait remarquer qu’une plus longue vie active n’est pas une nouvelle tendance et qu’elle est apparue bien avant ces événements.

De nombreux facteurs touchent les projets de retraite d’un travailleur. L’un de ces facteurs est la plus longue espérance de vie des Canadiens. Alors que l’âge moyen de la population augmente, le rapport travailleur-retraité de 1 pour 1 n’est pas réaliste. Morneau Shepell a récemment avancé qu’il faudrait plutôt compter un rapport de 1 pour 1 dans le secteur public et de 1,5 pour 1 dans le secteur privé (Marr, 2013).4

Des niveaux records d’endettement des ménages pourraient également contribuer à retarder la retraite (Grant, 2011).5 Aujourd’hui, le tiers des retraités de 55 ans et plus sont endettés (Statistique Canada, 2011).6 Bien souvent, la dette pose problème si elle n’est pas remboursée avant la retraite puisque le remboursement peut alors s’avérer plus difficile compte tenu de la réduction du revenu.

La préparation émotionnelle est un autre facteur important susceptible de contribuer au report de la retraite.

L’industrie des produits de retraite collectifs a fait un travail remarquable de mise au point d’outils et de services de soutien pour aider les participants aux régimes à bien gérer les aspects financiers de la retraite. Nous devons maintenant travailler de concert avec les conseillers et les répondants de régime pour aider les participants à composer avec l’aspect émotionnel de cette étape de la vie.

Se sentir prêt

La préparation à la retraite va bien au-delà du programme d’épargne. Il s’agit également d’être émotionnellement prêt à vivre un grand changement de mode de vie. Les participants doivent planifier leur vie après la retraite, en faisant peut-être appel à leur famille, à leurs amis et aux fournisseurs de soins de santé en cours de route. Un programme de retraite global peut également comprendre un travail à temps plein ou du bénévolat actif. Le Rapport 2012 d’analyse comparative sur les régimes de capitalisation conclut que bon nombre de futurs retraités ne bénéficient pas du soutien de leur employeur pour faciliter la transition à la retraite. Les conseillers et répondants de régime ont l’occasion de créer de la plus-value en offrant aux participants davantage que des conseils financiers.

Une étude américaine réalisée en 2011 par Ameriprise Financial sur les étapes psychologiques et comportementales qui surviennent avant et pendant la retraite7 suggère que les travailleurs traverseront vraisemblablement six étapes émotionnelles distinctes :

Étape de l’imagination (six ans ou plus avant la retraite)
À cette étape, certains participants se mettent à s’imaginer leur retraite. Par contre, s’ils ont des personnes à charge, comme des enfants à l’université ou des parents vieillissants, la retraite pourrait ne pas être une priorité. Bien des participants ignorent la somme d’argent dont ils auront besoin pour réaliser leur rêve de retraite. Effectivement, le sondage des participants aux régimes de capitalisation de 2012 indique que seulement 21 pour cent des participants disposent d’un programme en bonne et due forme qui précise l’âge de leur départ à la retraite et le montant nécessaire pour y arriver.

Par ailleurs, quoique la signification de la retraite change d’une personne à l’autre, les conversations sur cette étape de la vie portent souvent sur l’argent. L’argent est certes important, mais les conseillers et les répondants de régime doivent comprendre qu’il ne s’agit pas d’une source de motivation universelle. Les sources de motivation personnelles peuvent s’avérer tout aussi puissantes pour inciter à une bonne planification de la retraite. Parmi ces sources de motivation, mentionnons la liberté, l’indépendance, l’harmonie familiale, le travail à temps partiel ou la possibilité de se consacrer à un loisir.

Étape de l’hésitation (de trois à cinq ans avant la retraite)
L’hésitation survient lorsqu’un participant remet en question son désir de prendre sa retraite, et qu’il s’embourbe dans le doute ou l’indécision. Cet état émotif l’empêche de prendre les mesures nécessaires pour s’assurer qu’il disposera d’un revenu de retraite suffisant.

L’anxiété se manifeste lorsqu’un participant a une vision de ce qu’il souhaite voir se réaliser et le désir d’y parvenir, mais qu’il est dépourvu des outils nécessaires. Les outils de planification financière que peuvent offrir les répondants de régime à leurs participants (calculateurs de retraite, rencontres en personne, etc.) abondent. Toutefois, le soutien à la préparation émotionnelle est un concept relativement nouveau et les ressources d’aide sont plus limitées.

Étape d’anticipation (deux ans avant la retraite)
Les travailleurs se mettent à prévoir comment leur vie changera d’ici un an ou deux. À cette étape, il est fort utile d’essayer de vivre avec le revenu de retraite cible pour s’assurer que le budget projeté est réaliste et pour faire tout ajustement nécessaire.

Les personnes sûres d’avoir atteint les objectifs de leur programme de retraite se sentent de plus en plus enthousiastes à l’approche du jour J.

Étape de la prise de conscience (le jour de la retraite et l’année qui suit)
Vous avez peut-être déjà entendu le dicton selon lequel un changement équivaut à un repos. Dans la première année de la retraite, les gens ont droit aux deux.

Pendant cette période, bon nombre de retraités sont enthousiastes, mais ils se sentent également plus vulnérables étant donné les effets de la récession de 2008 – 2009 sur leur attitude et leur perspective. Ils s’inquiètent toujours à savoir s’ils ont assez d’argent. Cela dit, la recherche nous indique que les participants sont plus optimistes lorsqu’ils travaillent avec un conseiller en sécurité financière.

Étape de la réorientation (de deux à quinze ans suivant le départ à la retraite)
Les participants s’adaptent à leur nouveau mode de vie, créent une routine et trouvent des moyens de gérer tout sentiment de déception qu’ils pourraient avoir éprouvé auparavant. Le bonheur augmente au cours de cette étape et ceux qui travaillent avec un conseiller sont généralement plus confiants.

Étape de la réconciliation (16 ans et plus suivant le départ à la retraite)

L’aide que peuvent apporter les répondants

Bien que les répondants de régime ne souhaitent pas accroître leurs obligations fiduciaires ou leurs coûts, la tendance veut qu’ils aident leurs participants à réussir le passage à la retraite. Du point de vue de la responsabilité sociale de l’entreprise, certains employeurs se sentent un devoir de s’assurer du bien-être de leurs employés de longue date à la retraite.

Selon le sondage de 2012 auprès de participants à des régimes de capitalisation, une faible proportion des personnes interrogées affirment utiliser les renseignements fournis par leur employeur pour prendre des décisions de placement. Le défi consiste à engager les participants au régime afin qu’ils se servent des bons renseignements au bon moment. En abordant la préparation émotionnelle et les finances dans les communications sur la retraite, les répondants pourraient susciter plus d’intérêt de la part du participant pour l’inciter à passer de l’inaction à l’engagement :

  • Beaucoup de gens définissent leur identité en fonction de leur carrière. À l’étape de l’imagination, les répondants de régime et les conseillers peuvent discuter des passions des clients et des participants au régime et les encourager à consacrer du temps à leurs relations, à leurs réseaux sociaux, à leurs loisirs et à d’autres champs d’intérêt bien avant le jour de leur départ à la retraite.
  • En général, la confiance des participants à l’égard de leur préparation financière augmente lorsqu’ils maximisent leurs cotisations à leur régime de retraite ou d’épargne collectif, se renseignent sur des stratégies d’épargne, mettent au point un budget réaliste et réduisent le solde de leur dette. Toutefois, à l’étape de l’hésitation, l’anxiété risque d’empêcher les participants de prendre les mesures nécessaires pour s’assurer de disposer d’un revenu de retraite suffisant. À ce moment-là, des renseignements, des conseils et des ressources peuvent être utiles. Les répondants peuvent bonifier leurs programmes de formation en invitant les participants et leur conjoint à des séances de groupe ou à des rencontres individuelles. Les conseillers et les répondants de régime peuvent créer des listes d’action pour les clients et les participants afin de faciliter l’élaboration d’un plan de transition à la retraite. Les répondants peuvent également ajouter la planification du mode de vie à leur programme d’avantages sociaux.
  • Au cours des étapes qui précèdent la prise de conscience, une variété d’outils de planification du mode de vie à la retraite peuvent être offerts aux participants, notamment les conseils financiers et le contenu spécialisé dans l’intranet du répondant. Forts des outils actuellement à leur disposition, de nombreux répondants de régime peuvent en faire plus pour favoriser la préparation émotionnelle à la retraite. Par exemple, avant leur départ à la retraite, les participants au régime pourraient faire appel aux programmes d’aide aux employés pour obtenir les conseils d’un thérapeute agréé relativement au changement de mode de vie.
  • Lorsque les employés ont atteint l’étape de la prise de conscience, les conseillers et les répondants peuvent travailler à accroître la confiance par rapport à leur préparation financière en continuant de mettre en lumière le pouvoir d’achat collectif. Des frais moins élevés donnent lieu à une augmentation de l’épargne. Montrez aux participants combien ils peuvent épargner en souscrivant un produit de revenu aux termes d’un régime collectif. Il existe également des calculateurs en ligne qui permettent de bien illustrer l’avantage des régimes collectifs.
  • Au cours des années précédant la retraite, les employés qui ont fait appel à toutes les ressources et à tous les services de soutien mis à leur disposition seront idéalement en bonne posture pour franchir avec succès les dernières étapes de la réorientation et de la réconciliation. Comme il a déjà été mentionné, les retraités qui continuent de travailler avec un conseiller sont généralement plus confiants à l’égard de leur situation.

Bien que cela puisse paraître contre-intuitif, le fait d’aider les participants au régime à se préparer financièrement et émotionnellement à la retraite peut en réalité aider les répondants de régime à fidéliser les employés chevronnés. En effet, investir dans la préparation émotionnelle et la planification du mode de vie des préretraités peut susciter un sentiment d’attachement au travail, ce qui peut encourager des gens d’expérience à rester en poste plus longtemps, surtout s’ils aiment le milieu de travail, les gens et les défis professionnels. Si le participant souhaite travailler à temps partiel ou agir à titre de consultant une fois à la retraite, le répondant peut également être en mesure de lui proposer un arrangement.

Préparation financière

La préparation financière joue un rôle majeur dans la préparation émotionnelle – les participants au régime doivent d’abord se sentir confiants d’être sur la bonne voie pour atteindre leurs objectifs d’épargne-retraite avant d’éprouver de la confiance par rapport à la retraite. Collectivement dans notre industrie, nous devons continuer d’épauler les participants dans la planification de la retraite au moyen, entre autres, d’outils de planification, d’illustrations, de calculateurs et de séances à l’intention des participants.

Une fois les considérations financières abordées, la planification du mode de vie peut contribuer à l’apaisement des préoccupations d’ordre émotionnel dans les étapes précédant la retraite et par la suite. La planification du mode de vie permet aux participants de porter un regard sur l’avenir et d’envisager de quelle manière ils vont s’occuper et créer une nouvelle vie chargée de sens en dehors de leur cadre professionnel actuel.

Ultimement, en aidant les participants au régime à se préparer – tant financièrement qu’émotionnellement – à cette transition majeure, l’industrie de l’épargne-retraite peut aider les Canadiens à éviter les risques potentiels pour la santé associés à la retraite.

1. Sahlgren, G. H. Work Longer, Live Healthier: The relationship between economic activity, health and government policy, Institute of Economic Affairs (IEA), document de réflexion no 46, 7, 2013.

2. Yujie, Z., M. Wang, L. Songqi et S. S. Shultz. « Bridge Employment and Retirees’ Health: A Longitudinal Investigation », Journal of Occupational Health Psychology, no 4, p. 374-389, 2009.

3. Carrière, Y. et D. Galarneau. Statistique Canada. Reporter sa retraite : une tendance récente? L’emploi et le revenu en perspective, 75-001-X, 2011. [http://www.statcan.gc.ca/pub/75-001-x/2011004/article/11578-fra.pdf].

4. Marr, G. « Working longer balances more retirement years », Financial Post, 20 février 2013. [http://business.financialpost.com/2013/02/20/working-longer-balances-more-retirement-years/].

5. Grant, T.. « Record household debt in Canada triggers alarm », Globe and Mail, 13 décembre 2011. [http://www.theglobeandmail.com/globe-investor/personal-finance/household-finances/record-high-household-debt-in-canada-triggers-alarm/article2269210/].

6. Marshall, K. Prendre sa retraite avec des dettes, L’emploi et le revenu en perspective, 75-001-X, 2011. [http://www.statcan.gc.ca/pub/75-001-x/2011002/pdf/11428-fra.pdf].

7. Ameriprise Financial. New Retirement Mindscape II: How the economic environment has changed the stages of retirement, 2011. [http://www.ameriprise.com/content/files/AMP_mindscape-ii-study.pdf].